La riche Potosi !

Il était une fois une ville, située à l’ombre d’une grosse montagne. Un jour, Diego Huallpa, un habitant des alentours avait perdu son lama (histoire classique en Bolivie). La nuit tombait, et lui même se retrouva perdu sur la montagne. Il fit donc un feu pour supporter la fraîcheur de la nuit. Le lendemain matin, il se réveilla surpris, car il trouva un fil d’argent fondu collé à une des roches de son foyer. C’est ainsi qu’il découvrit la puissance de ce que les espagnols appelleront plus tard « El Cerro Rico » : La montagne riche.

Cette ville, c’est Potosi, et de cette montagne, qui fut la plus grosse mine d’argent du monde,  sortirent la majorité de la richesse de la couronne espagnole entre le XVeme et le XVIIeme siècle. C’est depuis cette ville que furent frappées la majorité des monnaies européennes, et c’est aussi grâce à cet argent que l’Europe s’est développée économiquement, car les espagnols échangeaient ce métal contre d’autres ressources aux autres pays. On peut donc trouver l’argent de Potosi un peu partout dans le monde.

Une légende raconte que l’on pourrait construire un pont entre Potosi et l’espagne avec l’argent extrait de ces mines,  et un autre avec les ossements des gens morts dans les entrailles de la montagne (8 millions en 300 ans) selon la Casa de la moneda.

Aujourd’hui, il ne reste plus grand chose de la splendeur passée de la ville (qui fut au passage la plus grande d’Amérique latine ), mais nous sommes venus voir ce qu’il restait de son histoire.

Nous avons passé deux jours dans cette ville, et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette ville est chargée. L’atmosphère y est particulièrement pesante, et même Louis qui est d’un scepticisme sans borne a ressenti cette ambiance mais n’a pas eu peur du tout. 

Nous nous sommes baladés dans la ville, et après un tour des différents points d’informations deux activités ressortaient, que nous avons testées pour vous (public) :

 

Une visite dans la mine :

C’est quelque chose dont Andrea avait déjà entendu parler auparavant, mais que nous ne voulions pas faire. En effet, ça ressemblait un peu trop à du voyeurisme, et Louis s’est dit que si un jour des chinois débarquaient pour faire une visite touristique d’un chantier de charpente, ça lui ferait un peu bizarre. Mais, c’était sans compter la force de vente d’une super agence.Loin de toutes les autres agence que l’on a rencontrées, cette agence est gérée par une coopérative de mineurs, qui exploitent actuellement la mine. Ils proposent des visites, qui sont une superbe source d’information sur le monde de la mine et l’histoire du cerro rico, les guides étant tous d’anciens mineurs. 30% des bénéfices sont reversés directement aux mineurs de la coopérative sous forme de nourriture.

La visite dure une demi journée, et elle commence par la visite du marché des mineurs, situé au calvaire. C’est un marché où l’on peut trouver entre autres :

  • De l’alcool potable à 96 % : Il sert aux rituels pour le tio ( si tu es sage et que tu lis l’article jusqu’au bout, tu sauras qui c’est !), mais aussi à la consommation du mineur. Il coûte environ 17 bolivianos le litre (2,5 euros), et en plus, il possède une saveur exquise (c’est marqué dessus)
  • De la Coca : c’est indispensable pour le mineur. S’il n’en a pas, il ne travaille pas. Elle n’aide pas seulement à couper la faim, la fatigue, et à réduire le mal de hauteur, mais sert aussi d’horloge. En effet, le travailleur cale dans sa joue 50 feuilles de coca (en mode hamster), et lorsqu’elles n’ont plus de gout, environ 4 heures plus tard, il sait que c’est l’heure de la pause. Cette boule de coca sert aussi de filtre à la poussière de la mine. Sans elle la mortalité du travailleur est plus élevée ( alors qu’avec elle, son espérance de vie est de 65 ans !!!)
  • Toutes sortes d’explosifs pour travailler la mine : il faut savoir que c’est le seul marché au monde où la dynamite est en vente libre ( et on a des jolis souvenirs pour tout le monde !!! ). On y trouve aussi de la nitroglycérine, du nitrate d’ammonium (engrais agricole) ou encore de l’essence pour décupler l’explosion. Petite info : notre guide a acheté sa première dynamite à l’âge de 8 ans. Si vous voulez passer commande pour un cadeau de noël original pour vos enfants, c’est le moment !

Après s’être équipé comme des vrais mineurs , nous sommes partis en visite d’une centrale de traitement des minéraux. C’est ici que le produit brut de la mine arrive. Il est ensuite broyé, et passe dans différents bains avec différents réactifs qui font flotter la partie intéressante du produit (en l’occurrence l’argent, l’étain et le zinc), qui est ensuite récupérée pour former des gros bains, pour ensuite être séchée sous forme de poudres. Seul un 10% du matériau brut est récupéré à la fin. Ces usines de traitement sont étrangères (espagnole pour la notre). Le mineur vend donc sa production à l’usine.

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Puis nous nous sommes dirigés vers une des 180 entrées de la mine. Au début tout allait bien, mais assez vite, il fait tout noir (sans blague !). L’air commence à manquer, les conduits deviennent taille 7 nains, et on a un peu la sensation d’être Alice qui ce serait perdue dans le terrier du lapin blanc ! Les poussières empêchent de respirer, la chaleur monte quand tout à coup le guide nous crie de nous mettre sur le côté collé aux parois. C’est ainsi que nous avons rencontrés notre premier mineur. C’était pas grognon ni dormeur, il avait plutôt l’air d’un Joyeux (peut être parceque nos têtes de gringos apeurés étaient à mourir de rire). Il a foncé accroché à son wagonnet rempli de cailloux.

Puis nous avons rencontré le tio (si tu es arrivé jusque là, nous te félicitons !!). Les latino américains sont en général très croyants envers la religion catholique. Toutefois, ils pensent que celle ci n’accède pas sous terre, c’est pourquoi ils vénèrent une sorte de diable, avec un gros pénis en érection, qui est le gardien de la mine, et le symbole de fertilité de la mine et de ses travailleurs. Il serait en couple avec la Pachamama, et leurs enfants sont les minéraux de la mine, c’est pourquoi aucune femme n’est autorisée à travailler sous terre, pour ne pas rendre jalouse la Pachamama. Croyez le où non, lorsque la fille de notre groupe s’est mise à essayer de travailler la mine, une partie de la voûte  s’est effondrée sur Andrea et le guide. Personne ne fut blessé grâce aux casque, mais les mineurs lui ont ordonnés d’arrêter tout de suite.

Nous sommes arrivés au fond de la galerie, où les mineurs extraient les minéraux. Ici, la chaleur avoisine les 40°C et les mineurs sont morts de rire quand ils nous voient arriver. Ils sont tous très actifs, et extraient les minéraux à coup de pioche de pelle et de brouette. Par contre on est un peu déçu, on ne les a pas entendu chanter, mais peut être qu’ils ne le font que quand ils rentrent du boulot.

Puis nous sommes passés dans une autre galerie, en passant par un passage qui nous obligeaient à ramper et Andrea a failli mourir 45 fois en 5mn, pour ensuite sortir de la montagne par une autre entrée (ou était-ce une sortie ?).

Pour finir, nous pouvons dire qu’après avoir discuter avec les mineurs, nous pensons qu’ils sont très fiers de leur travail, mais espèrent un autre avenir pour leur fils. De toute facon, la mine devrait s’arrêter de fonctionner d’ici 30 à 40 ans, car avec ses 500 ans d’exploitations, elle ressemble à un gruyère, qui menace de s’effondrer à tout moment. De plus, le minerai s’épuise peu à peu.

Même s’ils sont fiers de leur travail, et qu’ils ont voulu nous montrer les parties positives de la mine, il faut savoir que même si les mineurs gagnent bien (environ deux à trois fois le smic bolivien, fonction de ce qu’ils ont sorti de la mine), la majorité de cet argent est dépensé en prostituées et en alcool, délaissant ainsi leur famille, et l’éducation de leurs enfants auxquels même le gouvernement ne prête pas attention. Heureusement, ils comptent avec l’aide de Voix Libres, une association que vous pouvez aider ici.

La casa de la moneda :

Un endroit très intéressants pour les amateurs d’histoire, elle raconte l’évolution de la fabrication
de monnaies de l’époque coloniale au XXeme siècle. Ici furent frappées la majorité des monnaies européennes, et on peut y observer différentes machines, des laminoirs aux presses. Nous y avons aussi appris que le symbole du dollars viendrait du symbole de la casa de la moneda de Potosi. En effet ce symbole est composé d’un P, T, S, I lesquels sont mis les uns sur les autres, mais si l’ont décale le T et le I, vous trouverez le symbole du dollar (avec un peu d’imagination quand même). Intéressant non ?

Ce lieu met aussi l’accent sur les quelques esclaves africains, qui ne pouvaient pas travailler dans les mines car ils ne résistaient pas aux conditions, et étaient donc employés principalement aux récoltes de coca dans les yungas (parties basses de la Bolivie), où il fait plus chaud, mais aussi dans les ateliers de monnaies, où ils pouvaient résister parfois jusque 5 mois sans mourir  !!! (tristement véridique).

Nous aurions pu vous parler encore et encore de cette ville pleine d’histoire, mais on vous laisse la découvrir par vous même, et poursuivons notre route vers l’infini et au delà.

2 reflexions sur “La riche Potosi !

  1. Matthias

    Je ne veux pas faire comme si c’était la seule chose que je retenais de l’article, parce qu’en plus il est passionnant, mais quand même, je dois demander: vous me ramenez des explosifs quand vous revenez j’espère ?!

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